L’Argentine raffole de l’Europe. Les autres états sud-américains lui reprochent suffisamment. Mais elle s’en fiche royalement. Sa capitale, Buenos Aires sait se vêtir et elle est plutôt coquette ! Sa grande avenue 9 de Julio se pare des atouts des Champs Elysées parisiens, les édifices du quartier bohème de San Telmo revêtent une touche madrilène et Recoleta, son quartier plus aisé, puise son inspiration dans les grandes métropoles allemandes.
Buenos Aires ne serait alors qu’une pâle copie du Vieux Continent ? Certainement pas. Avec un goût certain, elle a su en tirer le meilleur. Le résultat ? Elle s’est forgée une identité unique à l’atmosphère délicieuse. Déguster une bière en terrasse sur la placa Dorrego par un soleil de fin de journée au son d’un tango est d’un plaisir enchanteur. Déambuler parmi les maisons colorées du quartier ouvrier de la Boca, à deux pas du stade des Boca Juniors est une balade les yeux constamment écarquillés. Du folklore pour touristes ? Il y a de ça. Mais Buenos Aires est si élégante qu’on lui pardonne de se la jouer un peu. A l’instar de son obélisque gigantesque qu’elle affiche fiѐrement à la face de tous.
Ce doit être son côté italien.
Buenos Aires, inspirée et cultivée
Pas de méprise, Buenos Aires n’est pas une allumeuse sans cervelle, elle ne s’est pas limitée à soigner sa tenue. Elle a aussi forgé son esprit aux arts et à l’insolence. C’est peu de dire que les Porteños (littéralement les gens du port) aiment lire. A chaque coin de rue se trouve une librairie. Pas des chaînes de librairies type Gilbert Jeune ou Fnac, non des librairies, des vraies : remplies de bouquins empilés, d’échelles démesurées et de lecteurs entassés. D’après une étude de World Cities Culture Forum, Buenos Aires est la ville qui compte le plus grand nombre de librairies par habitant (734 pour 2,8 millions d’habitants, soit 25 pour 100 000 habitants) !
Et pas seulement. Brocantes, antiquaires, disquaires, théâtres, cinéma. Sa culture parait illimitée. Le dimanche, le marché de la calle Defensa est une démonstration de force. Loin de vendre des babioles pour touristes, l’artisanat est ici de mise. Chaque étalage, différent du précédent, est encadré d’un magicien de rue, d’un artiste ou d’un couple de danseurs de tango.
Vestige d’une période noire
Toutefois, à bien y regarder, ce savoir-vivre savoureux a peut-être ses limites. L’Argentine détient un autre record : celui du plus grand nombre de psychologues par habitant : 195 pour 100 000 habitants, soit plus que Manhattan ! Comment l’expliquer ? L’instabilité économique a fait des ravages. Les crises successives, l’inflation et le yoyo des prix ont fini d’exaspérer les argentins. Plus tragique encore, les cendres de la dictature militaire de 1976 à 1983 sont encore chaudes. Cette période sanglante –guerra sucia (la guerre sale)- causa la disparition de 30 000 personnes. Les murs de la ville en gardent une trace indélébile. Régulièrement, on y voit des inscriptions : « Donde esta » – « Où est-il/elle ?« . C’est là le seul espace d’expression pour les interrogations sans réponses des proches des disparus.
Et comme d’habitude, retrouvez toutes nos photos dans l’album Buenos Aires sur la page Facebook d’Eldoradonews !