« Valparaiso, à quel point tu es absurde. Tu ne t’es jamais donnée la peine de peigner tes cheveux, tu n’as jamais eu le temps de t’habiller, la vie t’a toujours surprise », disait Pablo Neruda, poète chilien iconique, prix Nobel de littérature en 1971.
Décrire Valparaiso, c’est s’adresser directement à une âme, à un songe de voyageurs, à un repaire de pirates, une halte pour les artistes et les originaux en tout genre. Mais sûrement pas à une « commune », quel nom insipide ! En même temps Valparaiso, ce n’est pas notre faute. Tu empestes le rhum, le pisco (l’alcool national), les bordels et le poisson séché à des kilomètres. A travers tes rues, on devine sans peine les rafiots craquants, les dockers patibulaires, les putains aux hanches proéminentes, les malfrats aux visages balafrés, les pochtrons désespérés qui ont erré en toi au fil des âges.
Valparaiso : Piraterie et graffiti
Affalée sur 45 cerros (collines) à la fois, tu t’es construite au fil des arrivées. Tes maisons de tôle ou de bois, montées sur pilotis s’entassent les unes sur les autres sans aucune cohérence. Tes marches s’entrelacent. Tes ruelles s’entrecoupent. Toi seule connait le secret de ce bordel organisé. Il n’y a que des voyageurs ivres pour construire une pareille ville. Taquine, tu aimes jouer avec tes visiteurs. Tu t’amuses à les lancer dans tes ruelles coupes gorges, à les faire grimper tes escaliers gigantesques pour mieux les faire redescendre dans un cul de sac.
Te visiter c’est se perdre en toi, traîner, tâtonner, hésiter, contourner, rebrousser son chemin.
Tu n’as jamais eu qu’une seule exigence : pas d’uniformité, juste des maisons colorées. Là où ta lointaine cousine américaine San Francisco arborent de grandes avenues bien droites, tu as préféré laisser ça en vrac. Sage décision. Quel spectacle tu offres aujourd’hui ! Chaque escalier, chaque porte, chaque petit muret et jusqu’au dernier lampadaire arborent des couleurs flamboyantes. Ta beauté singulière en a inspiré plus d’un. Les artistes de rue du monde entier sont venus compléter ta tenue déjà bien garnie. Et ils ont débarqué en nombre ! Tu parles… Le terrain de jeu est si tentant. Ils ont recouvert chaque centimètre carré de tes formes de fresques, de tags, de graffs, de mosaïques : pour notre plus grand bonheur. Aujourd’hui encore, tes rues accueillent à toute heure des musiciens, des mimes ou des jongleurs.
Labyrinthe unique
Avec de pareils atouts, tu tentes des astuces pour que chacun ne s’attarde pas trop longtemps dans tes bras. Chaque matin, tu te recouvres d’un brouillard pudique. Tu te donnes un air inquiétant. Voilà ton artifice pour éloigner le premier venu.
Maligne. Mais ça ne prend pas. Passé midi, le soleil pointe le bout de son museau pour faire resplendir tes collines.
Effet direct : on reste.
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