Sao Paulo est du genre entêtée. Vêtue presque entièrement de béton et de ciment, elle affiche avec assurance ses tours gigantesques à perte de vue. Elle n’a pas le choix, ses onze millions d’enfants doivent bien y loger. Aujourd’hui, elle a peine à imaginer la jungle luxuriante qui la recouvrait au XVI ème siècle, époque où les premiers jésuites portugais ont mis pied à terre. Telle une actrice en fin de carrière, elle sait que sa beauté n’est plus irrésistible. Elle jalouse secrètement sa belle sœur jumelle, Rio de Janeiro, ses plages de rêve, son Corcovado et son Christ Rédempteur.
Sao Paulo, des buildings et du Street-Art
Son cœur est si bondé que l’air y devient vite irrespirable. Tout le monde s’y agglutine. En métro, en voiture, en bus : on se serre, on s’entasse, on se bouscule. 600 km de bouchons cumulés chaque jour, des bus partout, tout le temps, des métros toutes les deux minutes et ça ne suffit toujours pas. Les habitants vaquent, indifférents. Descendants de colons portuguais, d’esclaves africains ou des tribus amérindiennes ; tout ce beau monde se mélange et se croise chaque jour sans que ça ait l’air de déranger quiconque. Il faut voir cette ruche humaine en activité au marché municipal ou rue 25 de Mayo sous un soleil assommant. Tondeuses, coques de portables, cerfs-volants, outils de cuisine, ici, tout se vend, tout s’achète constamment.
« Sao Paulo travaille pour que le reste du Brésil s’amuse » dit le dicton. Il faut voir ces centaines de personnes attendre patiemment pour acheter un titre de transport à chaque heure de la journée pour comprendre à quel point les paulistes sont conscients de leur cité-fourmillière. Devant sa cathédrale, certains prêcheurs en transe tentent de donner un sens à tout ça. Certains préfèrent lui refaire une beauté à coup de bombes de peintures dans le quartier branché de Vila Madalena. Et ça en jette !
Sao Paulo, gay-friendly et romantique
Sao Paulo est capricieuse, sure d’elle et si dure avec les siens. Pas question d’être une mère souple et attendrie. Si de nombreux habitants ont accédé peu à peu à la classe moyenne, comme partout ailleurs dans le pays, les inégalités y sont frappantes. L’homme d’affaire, costume cravate impeccable, écouteur Bluetooth juché à l’oreille arpente la grande avenue Paulista, ses magasins Louis Vuitton, Gucci ou Chanel sans apercevoir la dizaine de malheureux, pieds noircies, allongés sur de piètres bouts de carton qui parsème son chemin. C’est ainsi.
Dans cette jungle de béton, Sao Paulo possède quelques îlots de verdure, si minuscules à côté de tout ce bitume. Et pourtant, elle a su conserver son romantisme intact. On croise des couples enlacés, main dans la main à chaque instant. Dans des proportions telles qu’il est impossible de ne pas croire en une énergie mystique positive. Gays ou héteros, ici ça n’a d’ailleurs aucune espèce d’importance. Croiser deux femmes ou deux hommes en train de s’embrasser ne provoquent aucun sourire moqueur ou regard désapprobateur.
Sao Paulo peut être tranquille, son pouvoir d’attraction est inaltérable.
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